Chapitre 3 La capture ***

Ebla, construction du rempart


Dans une carrière d'argile, le Scribe Babbu, exceptionnellement vêtu comme un ouvrier, dirigeait une équipe de femmes et d'enfants à la confection de la brique crue.

Il avait avec lui son fils Babilim et la petite Kabtaya âgée de six ans. Sa femme qui avait aussi opté pour le bien de la communauté portait secours aux accidentés du travail. Ses onguents, pommades, poudres de scorpions, bandelettes de lin fin, faisaient merveille pour calmer les diverses foulures, piqûres et entorses.

Le scribe Babbu était un homme très sérieux. Il avait choisi un terrain isolé, légèrement caché par une rangée de buis de façon à éviter les plaisanteries douteuses des autres, sur son équipe de femmes.

Il était entrain de compter les couffins remplis d'argile moulée, ravi de voir que les femmes travaillaient vite et bien. Il inscrivait les chiffres sur sa tablette quand, tout-à-coup,
il entendit derrière lui des galops trop puissants pour être ceux des ânes. Il voulut se retourner mais il fut cinglé sur tout le corps par un immense filet qui s'abattit sur lui, ses enfants et deux femmes qui se trouvaient là. Les victimes tombèrent pêle-mêle à terre. Dans sa chute, Babilim recouvrit le corps de sa petite soeur qui se mit à hurler.

Le père, impuissant, cria "Hurrite" pour informer les enfants.
Pendant ce temps, toute l'équipe féminine se dispersa en criant mais les agresseurs les laissèrent fuir.
Babbu comprit que le Hurrite faisait une razzia sur les scribes du chantier.

Après avoir dégagé les captifs à coups de pied du filet, ils leur lièrent les poignets sans ménagement. Babilim se mit à trembler devant l'homme à la chevelure frisée et hirsute qui manifestement, n'était jamais coiffée. Bab refoula un sanglot et l'homme lui adressa la parole dans un langage inconnu et obscur qui battait ses oreilles de sons heurtés et laids.

D'autres prisonniers, hommes et quelques femmes vinrent se joindre à eux et une troupe d'une vingtaine de personnes dut suivre la cadence des chevaux de steppe, que seuls, les Hurrites savaient maîtriser.

Pendant la marche forcée, Babilim et sa soeur trottaient derrière leur père qui essayait parfois de leur dire quelques mots. La petite Kabtaia ne pleurait plus et tentait de suivre le rythme de la marche que les agresseurs scandaient par le fouet sur le dos des prisonniers.

Les Hurrites avaient établi un camp sur la route d'Imar et l'on voyait au loin des feux entretenus après la nuit pour la convenance de leurs dieux