Mésopotamie, Sur la piste entre Mari et Ebla
"Hurrite" Tablette 7,  4 / 7

- Papa, j'ai plongé mon regard au coeur profond du Hurrite.
Mon père m'a regardé tristement et m'a souri.

Les Hurrites avaient établi un camp sur la route d'Imar. Je voyais au loin la fumée des feux entretenus après la nuit. C'était pour la convenance de leurs dieux. A l'approche du camp, je fus effrayé par un cheval sauvage. Deux hommes essayaient de le maîtriser. Le cavalier frappait sa monture. Un autre les suivait en cravachant aussi. La bête ne pouvait s'arrêter.

J'ai pensé à mon père qui disait souvent:

"le Hurrite affame et fatigue le cheval pour le vaincre."

L'animal et les dresseurs sont passés près de nous. Le cheval avait un œil flamboyant, sa bouche écumait. Il hennissait comme si la rage de l'entrave forcée de l'homme lui donnait une puissance insoupçonnée.

J'ai pensé:

"Nous sommes liés, frappés et obligés d'avancer comme ce cheval, mais pourquoi les hommes baissent-ils la tête?"

J'ai dit :

- Papa, je ne baisse pas la tête, je fais comme le cheval.

Mon père m'a encore regardé tristement. Il ne souriait plus.

- Teshub, le Grand, Teshub, l'auguste, Teshub détient le savoir et le pouvoir! Il sait, il peut, dit le Hurrite aux cheveux hirsutes en regardant mon père et en pointant son doigt vers la statue de l'enclos des bétyles.

Alors mon père a tourné le dos à la statue et il a regardé les prisonniers enchaînés et il a dit:
"Enlil le Grand, Enlil, l'auguste, Enlil détient le savoir et le pouvoir!"

Voilà ce qu'il a dit mon père!